Game of Snows – VII

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Il avait misé sur le bon cheval en choisissant Littletopheur. Il lui avait juste suffit d’attendre, d’apprendre la patience, d’abord, puis d’attendre. ‘Tout vient aux poings à qui sait attendre.’ dit le proverbe.

Et il put le vérifier.

Littletopheur avait senti le vent tourner. Il savait que Serre-Selles allait bientôt avoir rendez-vous avec son destin.

Dans sa version à lui, celle qu’il avait donnée à la voleuse de trône, Daenexa allait avoir pitié d’elle si elle se soumettait, elle l’épargnerait, l’enverrait dans une autre contrée, et Serre-Selles n’aurait plus qu’à attendre un peu pour que Drogash disparaisse, avec ‘un coup de pouce au deystin’, que, morte de chagrin, la Gonzaryen se rapproche de Tom, son épaule confidente, dont elle ne connaissait pas les origines, qu’ils se marient, puis que Serre-Selles puisse revenir par la grande porte quelques années plus tard, vivant entre-temps aux frais du Royaume, mais dans l’ombre.

Serre-Selles s’était avérée contre, confortée dans sa toute-puissance par sa cour et son armée. Mais lorsque tout avait commencé à s’étioler, Littletopheur avait pu profiter de la faiblesse de la Reine pour lui rejouer sa version de l’avenir.

A aucun moment il n’avait signifié être l’amant de son fils. Cela devait rester un secret jusqu’à l’avènement de la Gonzaryen.

Mais un soir, Serre-Selles les surprit, Tom et lui, en train de faire la bête à deux dos dans son lit royal, alors qu’elle était officiellement en déplacement. Dépitée par une pluie torrentielle, elle avait repoussé son départ au lentement matin, finalement, et voulait profiter d’une bonne nuit de repos. Grand mal lui avait fait.

Ce soir-là, elle avait rejoint La Brute dans la salle commune, et s’était épanchée sur lui, lui racontant toutes ses misères.

Lui s’était tu, l’avait écoutée, et chaque seconde il devait retenir sa main de prendre un couteau et de lui trancher la gorge. C’aurait été trop doux pour elle.

Lorsqu’elle eut fini, et qu’elle s’en allait pour sortir de la salle et rejoindre une chambre libre, elle ne s’était même pas retournée vers lui pour lui dire ‘Bien entendu, rien de ceci n’a eu lieu, rien de ce que je vous ai dit n’a été dit. Si quelque chose venait à être répété, je vous ferai passer pour un fou et ferai de votre vie un enfer sur Terre.’. Puis elle était partie.

Le lendemain, il avait échangé quelques mots avec Littletopheur, juste pour le prévenir que, maintenant, elle savait.

Alors lui avait partagé avec La Brute son plan complet. Plan dans lequel il restait une inconnue que Littletopheur n’avait pas réussi à combler encore.

Il allait retourner lentement la tête de Serre-Selles pour qu’elle accepte, finalement, de se soumettre à la Gonzaryen. Lors de leur rencontre, il faudrait qu’elle abandonne le Trône de Pierres à la Reine-Mère des Dragons-sans-Dent dans sa langue natale, histoire de l’amadouer un peu en lui démontrant son ouverture à sa reconquête.

Mais il lui aurait appris quelques mots de Barrbarrios qui voudraient tout dire sauf ‘Je me rends.’. Et là, la Barrbarrios la ferait certainement exécuter.

‘Oui, mais, si jamais la Gonzaryen la laisse en vie ? Et la bannit par exemple ? Elle pourrait toujours fomenter son retour. Ne vaudrait-il pas mieux s’assurer de sa… ‘définitive disparition malencontreuse’ ?

– Tu n’as pas tort… Que proposes-tu ?

– Auriez-vous un maître d’armes qui pourrait m’apprendre le maniement de l’arc ? J’ai, comme beaucoup, un compte à régler avec Serre-Selles. Et cela vous laisserait les mains libres. Et propres de surcroît.’