Le Dernier Halloween

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Halloween 2022 : Je lance un jeu avec ma commu twitch/discord, où chaque participant doit me donner 3 mots qui pour lui représentent le mieux Halloween. Puis je dois concevoir une histoire à partir de là et j’envisage de la lire en live twitch le soir d’Halloween. Plus l’écriture avance, plus je me dis que je pourrais relier le texte à certaines légendes Irlandaises. C’est là que tout prend forme.
Chapître 1 : Un cimetière. Une pleine lune. Une Pierre tombale ornée d’une Gargouille.

La terre me chatouillait les narines. Je n’aurais su dire depuis combien de temps j’étais allongé là, face contre terre, à respirer le sable et la poussière.
*Tousse*
Lorsque les nuages dévoilèrent une pleine lune qui daigna porter ses rayons sur moi, je pus regarder mes mains tout en me redressant.
Pendant un instant, un court instant, elles me semblèrent couvertes de sang et de boue mais… Mais elles étaient, là, immaculées. Endolories à chaque phalange, soit, mais immaculées.
Je restais quelques secondes à genoux à regarder mes mains. Lorsque je relevais la tête pour couvrir les alentours du regard, j’eus un sursaut.

Face à moi, une gueule au sourire décoré de crocs, perchée sur des épaules voutées, me toisait du regard. Dans la pénombre je voyais des volutes tourner autour de sa gueule béante. J’appréhendais de bientôt sentir son haleine fétide, et que ce soit la dernière chose que je ne sentirai jamais…
Rien ne se passait, je ne l’entendais même pas respirer.

Lorsque la lumière sélénite tomba sur le monstre, je découvris qu’il n’était ni vouté, ni même vivant. Il ne s’agissait que d’un visage de gargouille sculpté à même une pierre tombale.
Une tombe… J’étais donc dans un cimetière… Ou dans le jardin d’une personne aux préférences décoratives douteuses.
Les battements d’ailes d’une chauve-souris me sortirent de ma léthargie, et une rengaine maladive me résonna dans la tête.
*Halloween Halloween Halloween Halloween*
Des rires, des cris, des pleurs, des chocs de métal, tout se ruait à outrance sous mon crâne. Je sentais mon cœur se serrer mais, sans raison.

Hors de ma tête, il n’y avait aucun son, sinon le glissement du vent sur les tombes.
Je me relevais complètement et fis un tour sur moi-même le temps de repérer les lieux. Lorsque je revins à ma position d’origine, la gargouille et sa stèle n’étaient plus là. Parfois il me semblait voir des dizaines de pierres tombales s’étendre à perte de vue, mais un clignement d’yeux suffisait à les faire disparaître.
Le vent ne glissait que sur le sol.

Seule une pierre dressée restait visible un peu plus loin.
‘Lia Fáil’ me soufflait le vent. Ou était-ce seulement le vent ?
M’approchant de la pierre, je tendais par reflexe la main vers elle.
‘Tu… n’es pas… l’élu… Tu… n’es pas…’
Plus j’entendais le vent me parler, plus il me semblait reconnaitre sa voix…
Venue d’un trop lointain passé…
D’une autre vie, même…

Tandis que les nuages sombres repassaient devant la lune, des ombres se projetaient sur la lande.
Pas la lande… La colline… La colline… de Tara. Des souvenirs fugaces traversaient mon crâne comme autant de décharges électriques, puis y laissaient d’insignifiants fragments avant de disparaître.
‘Je… suis…’
Je parlais tout haut, espérant que cela m’encourage à me souvenir, mais les bribes de mémoire abandonnées dans mon âme n’avaient ni queue ni tête.
De la lumière, du sang, des combats à l’épée, des animaux, chien et corbeau, rien n’avait de sens.

La lanterne… le passage… Sidh…
Le sang… mes mains… recouvertes…
Le corbeau… ses plumes… la femme…
Le chien… énorme… féroce… trépas…

Tout est si loin… brumeux… inaccessible.