
Une semi-inspiration plus tard, la tête de l’homme roulait sur le sol de la tente.
‘Deux et demi.‘
Fergryd essuya ses glaives sur la tunique en lin blanc de l’inconnu, avant de les remettre dans leur fourreau, accroché à son dos.
Voilà, il n’avait pas voulu répondre.
N’importe quelle personne un peu tatillonne aurait sûrement dit qu’il n’avait pas vraiment eu le temps, et que la semi-inspiration qu’il avait prise aurait très bien pu précéder une potentielle réponse.
Et la tête de cette personne aurait alors roulé près de celle de l’inconnu juste après ‘pas eu le temps’.
Fergryd aurait eu à espérer que cette personne tatillonne ait une tunique propre, histoire qu’elle soit digne de se faire nettoyer les glaives dessus.
Une autre personne encore plus tatillonne aurait certainement exprimé son mécontentement dû au fait que, lorsque l’on dit que l’on compte jusqu’à deux, on commence normalement à un.
Et Fergryd aurait alors probablement exprimé le sien, de mécontentement, en essuyant ses glaives sur la tunique de cette personne encore plus tatillonne, juste avant d’envoyer sa tête rejoindre celles de ses prédécesseurs dans la famille ‘Cap de chougner en face d’une Sauvageonne armée dont le regard est aussi lumineux qu’une caverne obstruée par un éboulement lors d’une nuit de nouvelle lune’, histoire de lui signifier qu’elle décidait elle-même de l’ordre dans lequel elle voulait les choses et, par extension, qu’elle décidait elle-même de comment elle devait compter.
‘Trois… Ha ben non, j’suis con.’
Heureusement pour Fergryd, ses muscles réagissent plus vite que son cerveau. Et elle sait qu’elle peut compter dessus.
La tenture servant de porte claque alors.
‘De r’tour, John ? Bismillah, comme t’peux l’voir, j’ai encore une fois pas eu b’soin d’ton aide.
– Peut-eytre auriey-vous pu attendre d’en savoir un peu plus sur luy avant de le… enfin, vous voyiey…
– Et vous êtes ?’
Fergryd s’élançait déjà vers l’homme tous glaives dehors.
‘Plus rapide que luy.’
Fergryd posait les lames de ses glaives sur la gorge de l’homme.
‘J’vais…
– Oui, j’ay compris, comptey jusqu’à deux, bla bla bla. Je suis Littletopheur, le conseylley de Seyrre-Seylles. Eyx-conseylley plutôt.
– Eylle… pardon, elle vous a j’té ? J’sais pas s’ça doit m’donner plus ou moins envie d’vous faire confiance…
– Eylle ey surtout trey ceyrtaynement deyceydey à l’heure où nous parlons.
– J’say pas, merde, j’sais pas, j’pas r’gardé l’cadran solaire.
– Hein… euh… Je veux dire qu’eylle doit eytre morte. Je me suis arrangey pour organisey son… ‘pot de deypart’ avant de moi-meyme venir dans ceytte contrey.
– Et ça fait d’vous un sauveur. Ou bien une p’tite salope. J’vois pas trop la différence là. Et lui c’tait qui ?
– Luy, c’eytay mon futur-eypoux, Tom. Rien de moins que le fils de Seyrre-Seylles…
– Oh… C’f’rait d’moi une Régicideuse alors?
– … Franchement, vu ley mots que vous inventey, on va dire qu’on s’en fout. C’eytay un mauvay coup de toute façon. Comme sa meyre.’

Laisser un commentaire