
Elle était là. Face à elle. L’Usurpatrice. La mégère. Lorsque Daenexa entra dans la Salle du Trône, enfants et époux à ses côtés, elle se sentit plus forte que jamais. Quoique veuille faire Serre-Selles, elle abandonnerait le Trône de Pierre par choix, ou par force.
La Barrbarrios espérait juste que Shasha n’aurait pas à supporter de scène de violence si tôt.
Contrairement à son habitude, Serre-Selles n’était pas assise sur le trône, non. Elle était à genoux devant, tournant le dos à la porte d’entrée. Que préparait-elle ?
‘Ainsi les Dieux ont fait leur choix, et t’ont ramenée chez toi.
– Les Dieux n’y sont pour rien. J’ai agi de mon propre chef.
– Vraiment ? Et tu crois que tu y serais arrivée de ton propre chef ? Ce n’est plus de l’audace, c’est de la bêtise.
– Donc même aculée, tu continues à me tenir tête ? Tu es seule à présent, ou peu s’en faut. Veux-tu donc mourir la tête haute ? Ou vivre tête baissée ?
– J’ai fait mon choix effectivement. J’y ai longuement réfléchi, et cela a été difficile.
– De réfléchir ? J’imagine oui.
– De choisir. Je ne regrette rien de ce que j’ai fait. Mes mains sont propres même si mes décisions ne l’ont pas toutes été. Peut-être aurais-je dû prendre d’autres embranchements de vie. Mais il est trop tard à présent pour revenir en arrière.’
Serre-Selles se lève, puis se retourne vers Daenexa. Son visage, livide, porte les stigmates de la souffrance. Mais cela importe peu à la Barrbarrios, elle sait ne pas avoir le droit de se laisser attendrir.
‘Lyarys est parti depuis longtemps. Littletopheur est introuvable depuis peu, certainement parti vivre son idylle loin de tout ce raffut. Mes enfants ne sont plus. Ils n’ont jamais été. Je n’ai moi-même jamais été. Il m’aura fallu toutes ces années pour le comprendre. Malgré tout je ne regrette rien, car il est trop tard.
Ainsi, Daenexa Gonzaryen, voici mon choix exprimé au-devant de toi. Et j’ai décidé de l’énoncer dans ta langue natale.’
Serre-Selles, debout au milieu de la Salle du Trône ferme alors les yeux. Douteux, Drogash va délicatement se poster derrière elle. Elle baisse la tête, prend une inspiration et dit :
‘Yo quiero morir cantando !’
A ce moment, une flèche sortie de nulle part frappe Daenexa à l’épaule droite, et lui fait lâcher Shasha.
‘NON !’
Le temps semble comme ralenti tandis que Drogash se jette sur Serre-Selles, métamorphosé en Hulkash, pour la contenir de toute sa force, quitte à lui broyer les os.
Le temps semble comme ralenti tandis que Million, Jeanclodion et Caneton s’envolent vers Serre-Selles, la haine dans le regard.
Le temps semble comme ralenti tandis que Shasha tombe vers le sol, tête la première.
Le temps semble comme ralenti tandis que la distance entre le bras valide de Daenexa et le corps de son fils ne fait que s’allonger malgré ses efforts.
‘SHASHA !’
Puis, dans une déflagration de chaleur et de lumière, le temps reprend son cours tandis que, juste avant de toucher le sol, le corps de l’enfant se transforme dans un rire suraigu.
Et la voix du Roi-Dragon résonne alors dans le crâne de Daenexa.
‘Le pouvoir que tu portes… Tu vas créer l’Être Ultime… Et il sera le Destructeur.’
Dans un déluge de flammes, le corps de l’enfant s’allonge, et son cri, d’abord humain, se meut en un grognement maléfique, et magnifique.
Ne tombe alors sur le sol qu’une couverture calcinée, tandis que l’ombre d’un dragon en partie humain, maintenu en l’air par des ailes tout juste formées, se projette sur Serre-Selles.
‘ALORS C’EST DONC CECI TON CHOIX, MORTELLE ? JE SUIS LE DAUPHIN DU TRÔNE ET L’INCARNATION DES DIEUX. JE SUIS LE DESTRUCTEUR.’
Cette voix sort de la bouche de mon fils ?
‘AUJOURD’HUI JE CHOISIS POUR TOI ET MES PARENTS CE QUI DOIT ADVENIR DE CE QUE TU ES.’
Mon fils est un Dieu ?
‘MES FRERES… PERMETTONS A CETTE TRAITRESSE AU MONDE D’ENFIN PORTER SON NOM COMME ELLE LE MERITE.’
Tandis que Hulkash maintient le corps de Serre-Selles d’un bras, il lui broie la poitrine pour compliquer sa respiration. Alors elle ouvre la bouche pour aspirer de l’air, et lui bloque sa mâchoire ouverte de sa main libre.
‘Respire tant que tu peux, catin.’
‘POUR TOUS CES CULS QUE TU AS LECHES POUR ARRIVER LA OU TU EN ES MAINTENANT, LES NOTRES VONT TE NOURRIR A FOISON.’
Lors le Canard-Zombie, les Dragons sans Dents, et l’enfant mi-Dauphin, mi-Dragon, et re mi-Dauphin derrière se relaient, sans relâche, au-dessus de la bouche de la traîtresse, et défèquent dedans, tour à tour, sans interruption.
Ce n’est que lorsque leurs excréments sortent par tous les orifices de Serre-Selles, même par ses conduits lacrymaux, que les bêtes se calment.
Puis l’Être-Ultime se pose au sol, et marche nonchalamment vers Daenexa.
‘MERE. JE VAIS AVOIR FROID LORSQUE JE SERAI DE NOUVEAU HUMAIN. PRENDS SOIN DE MOI. NOUS LE MERITONS.’

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